Sakura Taisen, ou internationalement Sakura Wars, est l’une des licences les plus frustrantes pour les non-japonais.e.s. En effet, malgré une exportation des mangas et animes, les jeux vidéo n’ont jamais quitté l’archipel, alors que les opus ont été nombreux, et surtout, c’était d’abord un jeu vidéo ! A fortiori, la licence était particulièrement fructueuse au Japon. C’est un peu comme si l’on avait eu le droit aux mangas et animes Pokémon, mais jamais aux jeux.
Pour illustrer à quel point il avait du succès, il restait en top des charts des ventes japonaises, qui plus est sur Dreamcast, alors que Sega avait annoncé sa mort de nombreux mois avant, c’est vous dire la popularité de la saga !
Certes, des guides et autres patches ont pu permettre, à terme, d’en profiter ludiquement, mais cela n’est pas pareil que pouvoir trouver son Sakura Wars dans la boutique du coin. C’est finalement en 2010 que le rêve prit forme grâce à ce Sakura Wars: So Long, My Love, tout de même sorti au Japon en 2005 sur PS2, autant dire qu’il tombait vraiment comme une surprise. Mieux, le jeu sortait également sur Wii au même moment, permettant de profiter d’un gameplay quelque peu différent.
Top du top, le jeu était localisé aussi bien en textuel que doublé, pour celleux qui aiment le choix. Néanmoins, et nous allons aborder ce point négatif tout de suite, le doublage américain est très souvent insupportable car trop caricatural, le pire étant la texane (Gemini Sunrise), dont l’accent est cliché et horripilant. Heureusement, Sega ne s’est pas moqué de nous, et le jeu ne contient pas un disque, mais deux, le second fournissant le doublage japonais original, avec sous-titres, évidemment.
Pour le reste, nous sommes en plein Sakura Wars, Shinjiro Taiga, une jeune recrue, rejoint la New York Combat Revue’s Star Division, une équipe qui défend New York (alternatif et anachronique) des attaques démoniaques, armée de ses armures mechas, et lorsque tout est en paix, mène des revues. Un mélange qui pourra surprendre les personnes étrangères à la licence, ces deux univers ayant à priori l’air d’un mariage contre-nature.
C’est d’ailleurs ce mélange qui aura probablement dissuadé les nippons d’exporter le jeu pendant très longtemps, mais pas que, car ajouté au Tactical-RPG, la dimension simulation de drague a toujours été très importante, et influant directement sur la fin en fonction de vos choix (rejouabilité accrue si vous souhaitez découvrir les différentes fins). Or les dating-sims n’ont pour ainsi dire quasi jamais quitté l’archipel.
Outre le fait que le jeu soit une bombe, la partie dating-sim est celle qui apporte une surprise de taille, à savoir une personne unique, Subaru Kujo, parmi les plusieurs que vous pourrez séduire. Son chara-design comme sa personnalité sont particulièrement soignés, « fille » de nobles japonais, au caractère légèrement froid mais intriguant. Fille entre guillemets, car lors d’un échange avec Shinjiro, si vous réussissez à conquérir son coeur, lui avoue ne pas avoir de genre (ce qui implique qu’iel soit éventuellement MtF et ait encore un pénis), ce qui ne changera rien aux sentiments de votre personnage. On se retrouve donc avec diverses personnes à draguer, dont l’une est visiblement agenre, et dont le sexe est indéterminé, quelque chose de particulièrement important, rappelant Sailor Uranus et l’éternelle ambiguïté liée à son genre.
Côté gameplay, c’est du Tactical-RPG, comme à l’accoutumée, les adeptes ne seront donc pas dépaysé.e.s (les autres devront s’habituer à une relative lenteur). De plus la mise-en-scène des combats est particulièrement dynamique, rendant certaines batailles épiques, qui suivies de belles cinématiques de représentations, en met constamment plein les yeux du joueureuse, ainsi que ses oreilles, grâce à une magnifique bande-originale composée par Kohei Tanaka. On aurait juste aimé des graphismes un peu plus détaillés lors des phases de combats, car si les effets sont réussis, polygones et textures sont en revanche légers.
Petit passage intéressant du jeu, vous pourrez mener une bataille juridique afin que Harlem reste Harlem, à savoir noir, et non une version remaniée par de riches promoteurs.
Bref, Sakura Wars: So Long, My Love est un petit bijou, et même lorsque l’on dépense l’argent durement gagné pour l’acheter, on sent malgré tout le gros cadeau fait aux fans de la licence, en particulièrement grâce aux deux disques, qui permettent d’en profiter soit en anglais, soit en japonais. Et à ce jour, il reste encore et toujours le seul opus publié officiellement en anglais, raison de plus de le découvrir, bien qu’il soit indéniable que si vous accrochiez, l’envie de vous faire tout la saga se fera pesante ! (mais des patches existent)